Qui est Adèle ?

Un des tous premiers univers que j’ai créé tourne autour d’Adèle. Mais quand j’ai écris ses histoires, une question tournait en boucle : qui est-elle ? Elle s’appelle Adèle, simplement, elle n’a pas de nom, n’a même pas toujours la même histoire et évidemment jamais le même métier. Une fois on la découvre photographe, une autre fois actrice porno, ou encore professeur, secrétaire… Dans d’autres vies, vous la découvrirez étudiante, pirate informatique, psychanalyste ou scientifique. Alors, au final, qui est-elle ?

La vraie question à se poser, ne serait-ce pas plutôt : qui représente-t-elle ?

Parce qu’au final, Adèle, c’est un fantasme, une image tout droit sortie de mon univers intime et personnel. Une femme qui pourrait être le fantasme de bien des hommes (et des femmes). Une femme blonde, archétype (stéréotype ?) de la femme douce, chaude, angélique, ingénue ou soumise, que l’on imagine sans mal cacher de torrides secrets.

Elle est grande, blonde aux yeux bleus, des formes à damner, mais ce sont là les seuls éléments comparables. Ce pourrait être n’importe quelle femme ; des millions de femmes correspondent à cette description. Et c’est d’ailleurs bien là le but : Adèle devient non plus un fantasme, mais le fantasme de tout le monde. Qui n’a pas rêvé de sa prof, dans son chemisier trop serré, et de passer sous son bureau ? Qui ne jette pas un regard en coin en passant devant la secrétaire si sexy qui mordille nonchalamment l’embout de ses lunettes de sa bouche torride ? Qui n’a jamais imaginé l’infirmière ne rien porter sous sa blouse blanche immaculée ?

Adèle est une allégorie fantasmatique !

Pourtant ! Pourtant, je m’y suis attaché, j’y tiens à ce petit bout de femme érotique. Et plus je lui trace des lignes coquines, plus je la définis dans sa complexité voire ses paradoxes. Je crée une personne de papier dont l’incohérence m’incommode. Dans mon esprit, une idée germe, de plus en plus : celle de rendre toutes ces histoires cohérentes entre elles. Une véritable gageure que j’ai décidé de prendre à bras le corps sans me départir d’humour et de burlesque. Je ne vais pas inventer une histoire de clones, de Maître du Temps, de monde parallèle. Je le pourrais, ce serait amusant, fantastique, mais ça ne ferait qu’éloigner le fantasme, le repousser, l’extraire de notre imaginaire du quotidien pour le placer sur la même étagère que la princesse Amidala ou Leeloo le cinquième élément : hors d’atteinte. Non, je vais réussir à la rendre crédible au travers de ses multiples vies. Pari tenu !