Simon – Tome 1

Nouvel extrait

 

Aujourd’hui, je vous dévoile un nouvel extrait de mon très prochain roman.

Simon semble toujours froid et distant, incapable d’extérioriser et d’exprimer ses sentiments. Mais parfois…

???

Quand la porte se referma, laissant la traînée de son manteau rouge s’évaporer en même temps que son désir, Simon resta longuement silencieux. Puis il termina son verre, se leva et se dirigea vers son lecteur de musique. Il choisit un morceau et le lança. Une lourde ambiance électrique vibra avant que les sons déchirants d’un groupe de métal mélodique envahirent la pièce. C’est comme s’il voulait combler le vide assourdissant de sa stupide ténacité.

Elle était partie sous son nez, en quelques mots mal choisis. Les mots qu’il pouvait si bien agencer sur son écran et qui ne savaient plus où se placer quand ils se bousculaient à la lisière de ses pensées. À cause de son impatience, aussi. Quand il écrivait une scène d’amour, il avait tendance à passer un peu vite les sentiments, la complexité d’une communication sensuelle et enivrante, la complicité, la subtilité… Il le savait, il y revenait de nombreuses fois, souvent après avoir décrit la scène finale et explicite. Cette partie-là l’ennuyait mais elle était une nécessité.

Ce soir, il n’avait pas eu ce qu’il voulait. Il aurait voulu voir *** dans son lit, nue, sans atours, passer ses doigts le long de ses courbes qu’il avait devinées alléchantes, découvrir son corps fragile. Mais il n’avait rien eu de tout cela. Il aurait peut-être pu tomber amoureux de ce genre de fille. En y travaillant.

D’un côté, il aimait les femmes directes, celles qui, comme Maria, ne tournaient pas longtemps autour du pot et annonçaient la couleur. De l’autre, il ne pouvait se contenter de cela et se rendait compte que la cause de ses échecs sentimentaux successifs était évidemment son impatience.

Il sentit une sourde colère monter en lui, comme la basse qui vrombissait des mesures saccadées. Il aurait aimé avoir la stupidité de lancer son verre à travers le salon pour le voir se fracasser contre le mur et répandre le reste de son vin telle la tache du sang de ses imperfections. Mais il était trop raisonnable pour cela. La raison lui dictait de ne pas le faire, de ne pas gâcher son vin, de ne pas casser son verre, de ne pas tacher son mur.

Pourtant, cette fois-ci, le verre vola.