Bonjour à tou·te·s,

Oui, ça fait des mois que je n’ai pas donné de nouvelles ici, voire des années, je compte bien y remédier.

Pour commencer, voici la nouvelle que j’ai écrites pour le Prix de la Nouvelle Érotique (PNE) 2020. Je n’avais pas été qualifié pour la finale, malheureusement, mais j’aime bien ce que j’avais écrit, alors je vous la partage.

Pour information, je vous explique ce qu’est le PNE dans cet article. Je fus finaliste dans l’édition 2017 « Ta maîtresse, humblement » et dans l’édition 2018 « Un dîner de cons« .

Le thème de l’année 2020 était « Soigner le mal par le mâle » et le mot final devait être « enfer« .

La lauréate fut Perle Vallens avec son excellente nouvelle « Toucher à la hache » (disponible en lecture gratuitement).

Bonne lecture !

 

Foutu Virus !

Baptiste

 — Tu me manques.

La lumière du soleil d’Aix-en-Provence perce à travers l’écran et repousse l’obscurité de ma chambre d’hôtel.

— Moi aussi, ma chérie.

— Quand est-ce que tu rentres ?

Mécaniquement, j’observe ma montre. Une heure du matin.

— Pas avant un moment, je le crains.

— Foutu virus.

Je suis coincé à Los Angeles depuis un mois maintenant. Tant par le travail que par la fermeture des aéroports.

— Je m’ennuie.

— Tu as la villa, j’ai une chambre de trente mètres carrés.

Elle hausse les épaules et fait sa moue de chatte. Elle se penche en avant et je ne peux pas rater son décolleté généreux.

— Mais je m’ennuie quand même.

— Tu as la piscine chauffée, le spa et le terrain de tennis.

— Je ne peux pas jouer au tennis seule.

— Je t’ai déjà dit que je pouvais faire passer des tests à tes partenaires habituels.

Elle passe un doigt sur sa lèvre inférieure, puis trace une ligne du menton jusqu’entre ses seins.

— Ce n’est pas de ce genre de partenaire dont j’ai besoin.

Je déglutis.

— Moi aussi, tu me manques.

— J’ai envie de toi.

Je peux sentir son désir par-delà l’atlantique. Elle ajoute :

— J’ai besoin de tes mains.

Je les place devant la caméra.

— Très drôle. Je les veux, là, maintenant, sur mon corps.

Elle s’assoit sur le rebord du lit et mime mes caresses qu’elle imagine sur ses seins.

— Il va falloir être patiente.

— Je ne sais pas comment faire.

— Tout de même, Lucille !

Elle se pince les lèvres et nous clôturons cette conversation sur un étrange sentiment d’incompris.

 

Les jours suivants, nos connexions se font plus rares et moins complices. La distance abime notre relation. La charge de mon métier n’empêche pas la boule qui se noue petit à petit dans ma gorge. Même si nous ne bougeons pas de nos lieux de confinement, la sensation que nous nous éloignons m’étreint.

 

Ce soir, j’aborde le sujet sans détour :

— Lucille, je m’inquiète.

— Moi aussi.

— Pour les mêmes raisons ?

— Je ne sais pas. Mais je ne me sens pas bien.

— Nous allons tenir le coup.

— Franchement ? Je ne sais pas.

Ce me fait l’effet d’une claque transatlantique. Je bredouille une banalité :

— Je suis sûr que cela va rapidement s’arranger.

— Nous sommes à peine revenus de lune de miel que nous nous retrouvons séparés par des milliers de kilomètres. J’ai tant de désir, j’ai peur qu’il ne s’éteigne.

Je lance une bouteille à l’océan.

— Tu pourrais… Enfin… Il existe des hommes que l’on peut payer pour satisfaire ses envies.

Elle écarquille les yeux en entendant ma proposition. Je ne m’attends pas à cette réaction : elle rit. Un rire franc comme je ne l’ai pas entendu depuis des semaines. Beau et sincère à en pleurer.

— Mais qu’est-ce qui te prend ? Tu veux que je me paye un prostitué ?

— C’est une solution.

Ses yeux verts s’étrécissent en une fente méfiante.

— Est-ce que tu tentes de me faire passer un message ? Tu t’es offert ce genre de service ?

— Comment ? Non, pas du tout. Je travaille beaucoup, je n’ai pas le temps de penser à cela.

— Alors c’est pour me faire culpabiliser de mon obsession. Je n’aime pas le rôle que tu me prêtes.

— Ce n’est pas ce que je veux dire. Je t’aime.

Elle croise ses bras sur sa poitrine qui se gonfle de défi.

— J’ai besoin de tendresse, de peau à toucher, de chair contre mon corps. Tu ne parviendras pas à me faire culpabiliser.

— Je n’essaye pas. Je te dis juste que si tu veux monnayer les services d’un spécialiste, fais-le. Je préfère ça que de voir notre couple dépérir.

— Tu dis des sottises.

— Ça m’arrive de temps en temps.

Nous en restons là pour cette nuit. Le doute continue de me hanter.

 

Lucille

 Les mots de Baptiste n’ont de cesse de trotter dans mon crâne. À aucun moment, je n’avais envisagé de le tromper. J’ai envie de lui, uniquement de lui. Enfin jusqu’à maintenant.

J’y pense encore quand un homme fait son apparition dans la villa.

C’est le chargé du nettoyage de la piscine. Pas le même que d’habitude. Beaucoup plus canon.

Il me montre son test négatif et je l’autorise à travailler sans masque. Par contre, je n’avais rien dit quant à son t-shirt.

Je m’installe sur un transat en sirotant un verre de champagne. Les premières chaleurs de mai arrivent et avec elles la moiteur des travailleurs manuels.

J’observe le bel étranger. Il a des bras comme deux bûches et une paire de lunettes de premier de la classe. Il est super mignon. Je ne peux m’empêcher de regarder les muscles de son dos se tendre à chaque mouvement du balai qu’il déplace au fond de l’eau.

Qu’est-ce que j’ai envie de Baptiste !

Je réalise mon erreur : ce n’est pas de mon mari que j’ai envie, mais de la musculature d’un homme contre moi. Coupable, je détourne le regard. Quelle idée a-t-il eue de me glisser cette proposition sordide !

— Pardon, vous permettez ?

Je sursaute. Apollon est à mes côtés, en sueur, et désigne l’autre transat.

— He bien… Oui, allez-y.

Je me rends compte que je ne suis pas présentable. Je ne pensais pas qu’il allait s’approcher. Mon maillot est bien trop échancré. Quel culot !

— Je ne vous embête pas ?

— Vous êtes nouveau, non ?

— Oui, je viens de commencer, je n’ai pas l’habitude. Ce boulot est éreintant. Regardez comme je transpire.

Il fait glisser sa main sur son torse brillant. Je baisse mes lunettes de soleil à la manière d’une marquise et les observe : lui, ses abdominaux et son audace.

— Vous êtes toujours aussi familier avec vos clients ?

— Vous êtes ma première. Donc je dirai oui.

Je replace mes lunettes et continue à l’observer à travers leur opacité. Ses yeux bleus me dévisagent en retour et n’hésitent à me détailler de la tête aux pieds. Enfin, surtout entre les deux.

— Avez-vous terminé ?

— Non, pas encore. Je fais une pause.

— Je vois ça.

Il ne relève pas et hoche la tête.

— C’est une belle maison que vous avez. Votre mari n’est pas là ?

— Y-a-t-il un lien entre les deux phrases ?

— Je ne sais pas. La question vous gêne ?

— Pourquoi me gênerait-elle ?

— Je ne sais pas.

— Vous ne savez pas grand-chose.

Il a un petit sourire en coin à tomber. Je lui donne vingt-cinq ans ; je pourrais être sa mère.

— Je sais que vous devez vous ennuyer, seule, dans cette immense baraque.

— Je n’ai pas besoin de votre sollicitude, merci.

— Vous ne devez pas souvent avoir la visite d’un bel homme comme moi.

— Vous ne manquez pas d’air.

Il s’allonge sur le transat et place ses bras derrière sa tête. Ses pectoraux luisent au même rythme que je fonds. Il ajoute :

— Vous êtes plutôt canon aussi.

Mais où va-t-il chercher autant de toupet ?

— Je suppose que je dois vous remercier pour ce compliment si délicat.

— Ah ? Quel mot aurais-je dû utiliser ? Je n’ai pas trop l’habitude de fréquenter les gens comme vous.

— Les gens comme moi ? C’est-à-dire ?

— Bah. Les snobs. Les bourgeois.

— Je suis comme tout le monde.

Il rit.

— Au compte en banque et au vocabulaire près.

— Quand vous aurez mon âge, peut-être que vous en serez là aussi.

— J’en doute. Vous avez trente ans, non ?

Je ne peux m’empêcher d’être amusée de la question et j’esquisse un sourire.

— Vil flatteur.

Il hausse les épaules et se lève d’un bond.

— On se baigne ?

— Pardon ?

— L’eau est bonne, ce serait dommage de ne pas en profiter.

— Qu’est-ce que vous racontez ?

— Allez, venez !

Je le vois s’avancer vers les margelles et l’interpelle.

— Vous ne comptez tout de même pas sauter dans l’eau avec ce pantalon plein de sueur ?

— Ah ? Je peux emprunter un maillot à votre mari.

— Il n’en a pas, il déteste se baigner.

Apollon secoue la tête de dépit.

— Bon, ben on fera sans alors.

Et je le vois, stupéfaite, retirer lunettes, pantalon et caleçon, et se jeter à l’eau. J’ai le temps d’apercevoir ce que je n’aurais jamais dû.

 

Je ne sais pas si c’est le soleil, mais j’ai chaud, très chaud. Il me crie de venir et je le supplie d’arrêter d’ameuter tout le voisinage. Heureusement, les haies nous dissimulent à la vue des opportuns. Qu’auraient-ils pensé en voyant cet homme nu dans notre piscine ?

Il continue à me héler et je me lève pour le rejoindre au bord de l’eau.

— Arrêtez de hurler et sortez. Je ne vous paye pas pour vous prélasser.

— Qu’est-ce que vous êtes coincée ! Allez, venez vous baigner avec moi. Elle est bonne !

— Je n’en doute pas, mais je refuse. Et je vous demande de sortir.

Il a l’air déçu. Il me rejoint au bord et me tend la main.

— OK, OK, pas la peine de vous énerver. Aidez-moi.

Je ne sais pas ce qui me prend, dans un réflexe d’une familiarité fascinante, je m’imagine un moment pouvoir le sortir à la force de mes petits bras bronzés et lui attrape la pogne. Je réalise à son sourire mon immense erreur et il n’a aucun effort à faire pour me jeter dans l’eau.

Mes années de natation et ma fierté aidant, je fais une pirouette en l’air et un plongeon admirable. Je glisse dans l’onde, fais demi-tour et, mue par le jeu et le désir de me venger, je bondis hors de l’eau et appuie sur sa tête pour le faire couler. Je m’écarte quand il ressort, ravi comme un gamin.

— Vous voyez, je vous l’avais dit, ça fait du bien. Et elle est super bonne ! Comme vous.

Je lève les yeux au ciel.

— Votre technique de séduction est vraiment rudimentaire.

— Mais ça marche, non ?

— Ça n’aurait aucun effet si vous n’aviez pas été gâté par la nature.

— Oh ! elle n’est pas si grosse…

Je manque de boire la tasse.

— Je ne parlais pas de… oh zut !

Je file vers l’échelle et m’extraie de se traquenard rapidement.

— Vous sortez déjà ?

— Oui. Et vous, vous avez un travail à terminer.

Je dois fuir.

Je dois boire un verre d’eau fraiche. L’alcool me monte à la tête et la chaleur me rend moite.

Je n’ai même pas eu le temps de m’en servir un qu’il est là, uniquement vêtu de ses petites lunettes carrées, la queue ballante entre ses jambes musclées, à me demander où il peut trouver de quoi s’essuyer.

Je reste un instant interdite. Il est vraiment taillé dans un bois divin. J’en viens à oublier son insupportable candeur.

— Venez !

Il me suit dans le couloir et je sens son regard sur moi. Mon maillot ne doit pas dissimuler grand-chose. Je commence à étouffer.

Dans la salle de bain, j’attrape une serviette et lui lance.

Il s’essuie nonchalamment et j’en profite pour faire de même.

— Vous la trouvez grosse ?

Il me désigne sa queue sans aucune pudeur.

— Je ne vais pas répondre à cette question.

— Pourtant vous en avez envie.

— Que pouvez-vous savoir de ce que j’ai envie ?

Il fait un pas dans ma direction. Je pourrais fuir, mais je suis tétanisée.

— Tenez, touchez.

Il désigne son torse. Je ne veux pas qu’il lise le doute derrière mes verres opaques.

— Dans quel but ?

— Parce que je sais que vous en avez envie. Allez-y, c’est cadeau.

— Nous, les bourgeois, n’aimons pas quand c’est gratuit, lui fis-je remarquer.

— Je trouverai bien un moyen de vous faire payer.

Il détruit brutalement à chaque phrase les remparts de mon honneur. Ce baratineur sans aucune subtilité parvient à fendre mes défenses. Il est si balourd que je me liquéfie.

Je ne dis rien. Je n’ai rien à dire. J’ai l’impression qu’en taisant mes gestes, je les amoindris. Aussi, sans un mot, je lève une main et la pose sur l’un de ses pectoraux. Il a le sourire d’un trophée. Mes doigts font le tour du muscle dessiné d’une main divine. Mon autre main rejoint la première et je monte une expédition sur son torse. Les vallées, les ruisseaux, les plaines enflammées. Je pourrais y installer un bivouac pour y passer le plus délicieux des séjours.

— Est-ce que je peux vous porter ?

— Me porter ? Mais pour quelle raison ?

— Pour vous amener dans votre chambre.

Les mots restent dans ma gorge. Je susurre mon approbation dans lequel teinte mon désir.

Soulevée de terre par ses bras d’acier, il traverse le couloir et s’enfonce dans la chambre sans hésiter. Il me dépose sur les draps de coton et je reste immobile. Il a le regard troublé.

— Vous êtes vraiment canon.

— Vous l’avez déjà dit.

— Je peux le répéter.

— Allez-y.

Il se met à genoux sur le lit, son sexe légèrement gonflé proche de ma poitrine.

— Vous êtes absolument canon.

Je passe une main entre mes jambes, sur le tissu de mon maillot.

— Encore.

— Vous êtes super bonne et j’aimerais bien voir vos seins.

— Je ne sais pas.

— Je vous ai dit que je trouverai un moyen d’être rémunéré.

C’est d’une déconcertante logique. Je me dois de lui montrer mes seins.

— Et votre chatte.

Quelle émouvante vulgarité.

— Et ma chatte, oui.

Je retire mon maillot en tremblant légèrement. Il m’aide pour faire glisser la culotte le long de mes jambes frissonnantes. Je sens son regard s’immiscer dans mon intimité. Je dégouline.

Puis il revient vers mon visage et, délicatement malgré ses doigts de bucheron, retire mes lunettes de soleil.

— Vous avez des yeux splendides.

Je rougis. Pourquoi me fait-il subir cela ?

Il me murmure à l’oreille :

— Écartez les jambes.

— Pour… pourquoi ?

— Vous avez besoin que je vous fasse un dessin ?

— Oui, dites-moi pourquoi.

Les mots crus sont déposés délicatement dans mon oreille de sa voix d’Apollon :

— Je vais vous lécher la chatte.

Je miaule.

Mes pensées se bousculent. Le plaisir d’avoir une langue entre mes cuisses submergent mes remords. Il a les mains sur mon corps et me caresse avec expertise, tandis que sa bouche fouille mes chairs. J’ondule de volupté. Je le regarde, comme en transe, alors qu’il a plaqué sa bouche sur mes lèvres intimes et que je sens tournoyer sa langue. Il a jeté ses lunettes au loin sur le lit pour pouvoir s’enfoncer plus avant entre mes jambes.

J’agrippe ses cheveux et ne peux retenir un orgasme. Je succombe sous les assauts de sa langue. La fierté m’empêche de crier, mais le cœur y est et mes halètements sont sans équivoque.

Apollon se redresse et vient m’embrasser. Je sens mes effluves sur ses lèvres. Je manque de jouir à nouveau.

— C’était un bel orgasme. Vous ne devriez pas vous retenir.

Les hoquets de plaisir m’empêchent de lui répondre. Il n’attendait de toute manière rien de moi. Je suis désormais son jouet. Le jouet d’un immense colosse au sourire de gamin.

— Vous allez me sucer un peu et après je vais vous baiser.

Chacun de ses mots si réalistes agissent comme un puissant aphrodisiaque.

Quand il présente son gland entre mes lèvres, je les ouvre docilement. Il s’enfonce d’un gros pouce et me guide :

— Sucez doucement, et faites tourner en même temps votre petite langue de salope.

J’obéis en serrant les cuisses. C’est grisant comme pratiquer du hors-piste en pleine tempête.

Il me baise doucement la bouche en ondulant du bassin. Sa queue s’enfonce entre mes lèvres et j’adore ça. Je me sens comme à sa merci. J’ai envie qu’il aille plus loin, qu’il m’étouffe, que je suffoque de plaisir. Son gland emplit ma bouche et suinte d’un désir salé.

Il se retire. Apollon aussi a ses limites.

Il me soulève sans difficulté et me fait me tenir contre le mur, à genoux sur le lit. Il se place derrière moi et commence à faire glisser son gland entre mes lèvres. Je suis sur un petit nuage de bonheur. Un soupçon de lucidité me traverse :

— Non, pas ça. Vous n’avez pas de préservatif.

Un carré de plastique apparait devant mon nez comme par magie.

Je n’ai pas la force de me demander où il a trouvé ça. Je secoue la tête.

— J’ai dit non.

— Comme vous voudrez.

Puis il s’appuie contre mon dos. Je sens sa sueur glisser entre nous et sa queue entre mes fesses. Il se frotte de haut en bas. Il s’approche de mes oreilles et me caresse les cheveux.

— La bourgeoise préfère peut-être que je l’encule ?

— Je… ça fait mal ?

— Vous allez adorer. Vous êtes faites pour baiser. Vous avez un cul fait pour ça.

— Je n’ai jamais…

— Je vais être le premier à vous sodomiser ? La première queue dans votre cul ?

Je hoche la tête, comme pour répondre à ses questions et l’encourager. J’ai peur, mais j’en ai tellement envie.

Je sens qu’il pousse entre mes fesses.

— Ecartez-vous le cul.

Je plaque ma joue contre le mur et obtempère. Je lui offre mon anus. Il s’y enfonce facilement tant c’est lubrifié de plaisir et d’effort. C’est là que je constate que sa queue est imposante. Il écartèle mes chairs. Je le sens s’enfoncer dans mon cul et je feule. Chaque centimètre me semble une éternité de douleur et de plaisir mêlés. Je ne sais plus où je suis. Je sais qu’un moment, il m’attrape d’une main par les cheveux et de l’autre me bâillonne la bouche. Il m’utilise pour son plaisir. Je suis enculée bestialement par un inconnu et je prends un pied terrible.

L’orgasme me pétrifie et je m’écroule avant même de le sentir venir.

Je ne l’entends qu’à peine quand il dit :

— Alors, vous avez aimé ?

 

Baptiste

 « Alors, vous avez aimé ? »

J’attends qu’il replace sur son nez les lunettes connectées pour taper sur mon clavier : « C’était parfait, je vous fais le virement. ». Les mots s’affichent à l’intérieur du verre poli de manière à ce que lui seul puisse les voir.

Grâce à ce petit gadget, je n’ai rien raté de la performance de mon épouse.

J’en reste stupéfait.

J’aurais très bien pu payer le prostitué et le laisser se débrouiller. J’ai prétexté vouloir lui donner des conseils en direct pour lui demander d’enfiler ces lunettes. Finalement il n’en a pas eu besoin. Je n’arrive pas encore à savoir s’il est vraiment très attirant ou si ma femme s’est laissée facilement convaincre. Probablement un peu des deux.

Je n’en reviens pas.

Je bande à moitié. Tels mes sentiments à cet instant. Je suis à la fois rongé de jalousie et terriblement excité. Je ne peux pas lui en vouloir, c’est moi qui lui ai soufflé l’idée. Elle n’a fait que valider ma proposition. Elle ne doit pas savoir que je l’ai orchestré d’ici.

Je l’ai fait par amour. Pour notre amour.

Et pour ses envies.

Même si je sens mon cœur se pincer.

J’ai mis le doigt dans un engrenage excitant et terrifiant en même temps.

J’ai construit son paradis et un peu de mon enfer.