Comme promis, je m’en vais vous conter les deux fois où est intervenu mon ange gardien.

Bon, je préviens de suite, c’est une image. Que ce soit intervention divine, intuition, hasard totale, je n’en sais rien du tout et je ne le saurai jamais.

La première fois, c’est vers Cahors. Je suis seul en voiture (les deux fois, c’était en voiture, je n’ai jamais eu d’accident, c’est ptet un ange gardien fan d’automobile ?). Je patiente à un feu rouge dans un petit village de campagne. Le feu bien bien pourri, bien dangereux, deux grosses baraques à chaque angle sans trottoir, autant dire que quand tu passes au vert, tu dois faire confiance, tu ne vois absolument pas les gens venir.
Donc je suis au feu rouge, j’ai soif, il fait chaud, j’ai une bouteille d’eau à portée. Le feu passe vert, je jette un oeil dans mon retro : personne, aucune raison de me presser, je bois plutôt qu’avancer à mon tour. Et là, alors que j’ai le goulot dans la bouche, je vois un bolide débouler à toute vitesse devant mon nez en grillant le feu opposé. Si je n’avais pas bu à cet instant, je serai en mode compote. Une compote de Léon, pas bon pas bon.

La deuxième fois je suis sur la rocade de Toulouse, en été aussi, en plein après-midi, pas grand monde. Devant moi, un gros gros camion où s’agglutinent les énormes tuyaux de béton qui servent à faire passer les cables et canalisation. Genre chaque tuyau doit faire une tonne. Les vibrations de la route semblent ne pas les faire bouger plus que ça. Je rêvasse tranquillement.
C’est à ce moment-là que je décide de le doubler. Mais pas parce qu’il va trop lentement, ou qu’il pue l’essence, ou que je suis pressé. Non, je n’avais strictement aucune raison de le doubler, si ce n’est que j’ai eu l’impression de me dire : « tiens, si tu passais sur l’autre voie, allez, genre maintenant… maintenant ! »
Je me décale. Au même moment, le camion passe sous un pont, un des cylindres placé trop haut le percute, le camion se braque dans un immense fracas qui me fait sursauter, j’en lâche le volant tellement j’ai pris peur, dans mon retro je vois juste de la fumée et le camion à l’arrêt, d’autres voitures qui pilent pour éviter d’emboutir le ou les morceaux de bétons qui sont tombés.
Je me retrouve seul sur la rocade, plus personne derrière moi, tremblant de la tête aux pieds. Là aussi, j’ai évité de finir en compote.

Bon, on dit jamais deux sans trois, mais je n’ai vraiment pas hâte, vraiment pas !